J’ai testé une retraite silencieuse : quand le silence fait du bruit

Je n’aurais jamais cru dire ça un jour, mais… j’ai passé trois jours sans parler. Pas un mot, pas un message, pas une interaction sociale. Trois jours de retraite silencieuse, volontairement coupée du monde, pour faire le vide à l’extérieur et (peut-être) entendre un peu mieux ce qui se passe à l’intérieur. Spoiler : ce silence m’a assourdie avant de me révéler.

Pourquoi j’ai eu envie de faire ça ?

C’est difficile à dire précisément. Je crois que je suffoquais un peu. Trop de notifications, trop de conversations superficielles, trop de sollicitations. Ma tête était un fil Twitter permanent. Même seule, je continuais à parler intérieurement, à scénariser, à prévoir, à m’inquiéter.

Et puis, un jour, je suis tombée sur un article qui parlait de retraite de silence. Des journées entières sans parole, parfois dans un monastère, parfois dans un centre laïque. Pas de téléphone, pas de livre, pas d’écran. Juste… toi. Face à toi.

Je ne savais pas si j’étais prête. Mais j’ai eu envie de tenter. Non pas pour me « trouver », mais pour me laisser tranquille.

🕊️ Planifie ta mini-retraite silencieuse






⚙️ Options avancées

Oui, sans parole, téléphone, musique ni lecture





Le cadre : simple, dépouillé, déroutant

J’ai choisi un petit centre de méditation, niché en pleine campagne, qui proposait une formule de trois jours. Arrivée le vendredi après-midi, retour le lundi matin. Pas de téléphone. Pas de Wi-Fi. Pas de miroir. Pas de contact visuel. Pas de lecture. Le minimum vital, mais avec beaucoup de bienveillance.

On nous a remis un planning : méditations guidées, repas silencieux, temps de marche, repos. Le tout dans un silence total, à l’exception des consignes pratiques.

Je n’avais jamais ressenti un tel contraste entre le monde extérieur et cette bulle intérieure. Comme si j’étais rentrée dans un autre espace-temps. Une vie au ralenti. Étrange… et vertigineuse.

Le jour 1 : désorientation complète

Le premier soir a été… brutal. Le silence m’a frappée de plein fouet. Mes pensées tournaient en boucle. J’avais envie de tout commenter mentalement. “Tiens, cette soupe est bonne.” “Je me demande si les autres s’ennuient.” “Je me sens ridicule à marcher si lentement.”

J’étais en permanence dans la tentation de parler, au moins à moi-même. Comme une enfant privée de dessert qui tourne autour du placard. Et surtout, je me suis rendue compte à quel point je remplissais tous mes vides par du bruit : un podcast, une playlist, un texto, une notification.

Là, il n’y avait rien à faire. Juste… être. Et honnêtement, c’était inconfortable.

Le jour 2 : le silence commence à parler

Le deuxième jour, quelque chose a changé. Mon corps s’est détendu. Mon esprit aussi, un peu. J’ai commencé à entendre autrement. Les bruits de la nature. Le frottement des pas sur le gravier. Le silence entre deux respirations.

Et surtout, j’ai commencé à observer mes pensées sans les juger. Je n’étais plus en train de réagir à tout. J’apprenais à simplement laisser passer. Comme si chaque pensée était une feuille portée par une rivière. Je la regardais. Elle s’éloignait.

J’ai aussi redécouvert mon rapport au corps. En silence, chaque sensation est amplifiée. La chaleur du bol entre les mains. La fraîcheur du vent sur la nuque. Le froissement du drap au coucher.

Je n’étais pas dans le silence. J’étais habitée par lui.

Le jour 3 : le vrai face-à-face

Le dernier jour, j’ai pleuré. Pas à cause de quelque chose de précis. Juste… parce que c’était là. Une émotion enfouie depuis longtemps. Un trop-plein que je n’avais jamais écouté. Je me suis autorisée à ressentir sans devoir l’expliquer, sans devoir le partager.

Et ça m’a fait un bien fou.

Ce silence, je l’ai d’abord combattu. Puis je l’ai subi. Enfin, je l’ai embrassé. Il m’a permis de me retrouver sans performance. De ne rien faire, rien prouver, rien produire. Juste exister.

Et en fait, c’est peut-être ça, le plus difficile.

Ce que j’ai appris

Cette retraite m’a bouleversée. Pas de façon spectaculaire. Pas comme une révélation mystique. Mais de façon subtile, lente, transformante. Voici ce que j’en retiens :

1. Le silence est un miroir

Et parfois, on ne veut pas trop se regarder dedans. Parce qu’on y voit nos contradictions, nos peurs, nos blessures. Mais on y voit aussi notre force. Notre capacité à nous suffire.

2. Le vide est fertile

J’avais peur de m’ennuyer. En fait, c’est dans ce vide que j’ai eu mes idées les plus claires, mes intuitions les plus fines. Le silence, ce n’est pas un manque. C’est un terreau.

3. Le corps parle mieux quand on se tait

Je l’ai écouté. Je l’ai senti. Et je l’ai remercié. De m’avoir portée, même quand je l’ignorais. Même quand je le remplissais de stress ou de fatigue. Il m’a offert un ancrage.

4. L’envie de parler n’est pas un besoin vital

On peut vivre sans commenter. Sans rebondir. Sans partager tout ce qu’on ressent. Et parfois, on vit mieux ainsi. On comprend mieux ce qui mérite vraiment d’être dit.

Et après ?

Le retour au monde a été étrange. Le bruit m’a agressée. J’ai mis deux jours à relancer mon téléphone. J’ai regardé les réseaux sociaux avec distance, presque méfiance. Comme si j’étais entrée dans un restaurant bruyant après un jeûne de l’âme.

Je n’ai pas gardé le silence total. Mais j’ai appris à créer du silence autour de moi. À ne pas remplir chaque minute. À écouter plus. À parler moins. À ralentir.

J’ai aussi pris une nouvelle habitude : un “rituel du silence” chaque dimanche matin. Une heure sans téléphone, sans voix, sans objectif. Juste moi, un carnet, une tasse de thé, et le monde qui respire doucement autour.

À toi qui songes à le faire…

Tu n’as pas besoin de partir trois jours. Tu peux commencer petit : un après-midi sans parler, une soirée sans écran. Tu peux même faire une mini-retraite silencieuse chez toi. Voici quelques idées :

DuréeIdée de retraite silencieuse à tester
2hMarche seule sans musique ni téléphone
4hAprès-midi chez toi sans parler, lire ni écran
1 jourJournée silencieuse avec carnet de notes
1 week-endCouper téléphone + interactions + distractions

L’important, ce n’est pas la durée. C’est l’intention. L’intention d’écouter. D’observer. De se reconnecter.

Ce que le silence m’a appris sur moi

Avant cette expérience, j’avais peur du silence. Je croyais qu’il signifiait vide, isolement, tristesse. Mais il m’a montré autre chose.

Il m’a appris que je suis capable de me tenir compagnie.

Il m’a montré que mes pensées ne sont pas dangereuses.

Il m’a prouvé que je suis plus calme, plus claire, plus vivante quand je me tais.

Et surtout, il m’a offert quelque chose de rare : la paix. Même passagère. Même imparfaite.

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